Après ses longues heures de repos, San pénétra dans la rivière, à un endroit où elle n’était pas très large ni profonde. Puis elle remonta lentement le courant, sans trop savoir quoi faire. Elle nevoyait pas l’utilité de pêcher, maintenant qu’elle s’était assez nourrie, mais elle attrapait quelques poissons de temps en tant, avant de les rejeter. Elle avait repris des forces mais se sentait affaiblie après tout ce qui s’était passé. Elle sentait bien que ses capacités s’étaient amoindries et qu’il lui faudrait du travail pour les récupérer.
Tout en songeant à tout ça, elle s’était arrêtée au milieu de la rivière et n’avait pas vu ce qui lui arrivait dessus. Ballotté par les courants de la surface, un paquet blanc et trempé suivait la rivière, indifférent à son environnement. Sanaga le remarqua quand il échoua contre son bassin, stoppé en plein dans sa course. La demi elfe baissa les yeux sur l’objet.
Son expression se figea dans un étonnement sans partage. Durant un long, moment, comme si le temps s’était posé, la demi elfe resta figée dans son étonnement, ne faisant pas même un mouvement pour s’écarter et laisser le passage au paquet à la dérive que son corps bloquait.
Jamais elle n’était tombée sur une chose pareille, et jamais elle n’aurait pu penser tomber un jour sur une telle chose. À vrai dire, elle avait déjà entendu des histoires semblables, où il arrivait un événement identique. Malgré son inexpérience en la matière, San avait du mal à imaginer qu’on puisse faire des choses pareilles.
Dans un premier temps, elle ne toucha pas au paquet, de peur de mal faire. Mais les forts rayons de soleil tapaient sur le paquetage sans aucune pitié. Des pleurs jaillirent sans préambule, et Sanaga saisit l’enfant et le brandit en l’air, hors de portée de l’eau, sans hésiter un seul instant ; dut-ce être la plus belle erreur de sa vie.